Le drame romantique est un genre de théâtre qui est apparu au début du XIXe siècle, pendant la période du romantisme littéraire. En France, le théâtre romantique apparaît avec les premières pièces de Victor Hugo (Cromwell, 1827 ; Hernani, 1830) et se termine par l'échec des Burgraves en 1843.
Les auteurs romantiques se voient comme des modernes opposés aux classiques. En effet, le 25 février 1830, la première d'Hernani, drame de Victor Hugo, devient le symbole de la naissance du drame romantique : lors de cette première, les partisans du romantisme, comme Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Hector Berlioz, affrontent les défenseurs de la tradition qui huent la pièce dès les premiers vers : les jeunes romantiques remportent la victoire, lors de cette violente confrontation, face aux conservateurs. Le drame connaîtra alors un vif succès pendant quelques années (malgré les tensions).
Le drame romantique se caractérise par une rupture avec les règles classiques du théâtre, en particulier les trois unités d'action, de lieu et de temps (selon ces règles, l'histoire devait se dérouler en 24 heures, dans un seul lieu, avec une seule intrigue principale). Il propose un drame qui peut se dérouler sur plusieurs jours et en plusieurs lieux, et qui peut présenter plusieurs actions parallèles.
Les dramaturges du mouvement romantique s'opposent à la règle de bienséance en osant représenter sur scène des scènes de duel, mais aussi des meurtres et des suicides. Le drame laisse ainsi une place importante aux passions et aux désirs.
Influencés par la littérature étrangère (Calderón, Shakespeare, Goethe), les dramaturges romantiques rejettent également l'unité de ton, la distinction entre les genres et recherchent le mélange : Victor Hugo, dans sa préface de Cromwell (1827), défend l'effet de contraste ; le drame « fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie » ; « [La muse moderne] sentira que tout dans la création n'est pas humainement beau, que le laid y existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime, le mal avec le bien, l'ombre avec la lumière ». Ce « drame moderne » doit refléter la complexité de la vie réelle, le dramaturge cherche à représenter l'individu dans sa totalité, en cernant à la fois ses failles, ses ambitions, ses doutes et ses talents.
Mais ce drame naît aussi de la volonté de fonder une forme théâtre nouvelle susceptible de rendre compte de l'histoire et de la société de l'époque que les anciennes formes codifiées du théâtre ne sont plus capables de représenter. C'est pourquoi l'Histoire a une importance essentielle dans le drame romantique (particulièrement le Moyen-Âge et la Renaissance) : elle constitue un détour divertissant qui permet d'éclairer le présent du spectateur, dépaysé par la « couleur locale » donnée au texte. De surcroît, les dramaturges mettent en scène toutes les classes sociales, y compris le peuple, représenté comme une force collective qui a la possibilité de changer le cours de l'histoire. Le drame romantique a donc une portée politique et philosophique.
Enfin, le héros du drame romantique est un individu solitaire et désenchanté, un idéaliste déçu qui connaît la souffrance et l'échec dans un dénouement souvent sombre. Comme l'écrivain romantique, il se sent totalement inadapté à la société de son époque : c'est donc un héros marginal : un poète incompris (Chatterton), un banni (Hernani) ou encore un simple valet (Ruy Blas). Ainsi, à travers son histoire, le dramaturge romantique tend à montrer le rôle que l'individu peut jouer dans la société et dans l'histoire.
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